José Manuel Bujanda «Euskadi n´attendra pas»
La communauté autonome d"Euskadi éprouve-t-elle quelques impatiences devant les lenteurs françaises ?
José Manuel Bujanda.
Nous souhaiterions bien entendu que les Français accélèrent leurs prises de décisions. Mais nous sommes conscients que chaque pays a ses propres rythmes et que notre projet est lui-même resté au point mort pendant une dizaine années. Nous espérons que Tours-Bordeaux se fera le plus rapidement possible et que l"administration française optera pour la connexion avec Irun. Mais Euskadi n"attendra pas pour engager ses propres travaux, nous démarrerons au plus vite.
Où en est donc le TGV basque ?
En décembre dernier, les gouvernements espagnol et autonome sont parvenus à un accord financier et politique devant nous permettre de démarrer les travaux dès 2006. Il faut savoir que le gouvernement central a par principe toute compétence dans ce domaine, mais il a accepté de transférer cette compétence à la communauté d"Euskadi sur le tronçon Vitoria-Irun. La réalisation de cette portion de lignes nouvelles pourra donc être effectuée sous l"autorité du gouvernement d"Euskadi qui avancera le coût des travaux à l"Etat espagnol, lequel assumera le reste du projet.
Au niveau politique, le gouvernement central a accepté de retirer toutes les plaintes qu"il avait émises contre Euskadi pour avoir lancé divers appels d"offres sans y être habilité. L"accord de décembre prévoit également que le groupe parlementaire basque appuie le budget 2006 au Congrès des députés de Madrid et que le Parti socialiste d"Euskadi fasse de même au Parlement autonome basque.
A quel rythme pensez-vous avancer ?
Le ministère des Transports basque dirigé par Nuria Lopez de Guereñu assure qu"en 2010 les travaux pourraient être terminés. Euskadi veut aller vite pour trois raisons essentielles. La première est que le TGV reliera les trois capitales de provinces basques (Saint-Sébastien, Vitoria-Gasteiz, Bilbao), la seconde est qu"il nous ouvrira de nouveaux horizons vers l"Europe et la troisième, enfin, est qu"il nous rapprochera de l"axe méditerranéen par le biais d"une connexion avec la Navarre. Le TGV nous reliera également à Madrid via Valladolid et Burgos.
Les Navarrais sont devenus très demandeurs...
Oui. Un premier contact officiel s"est produit entre les ministres des Transports basque et navarrais, à la demande de ce dernier d"ailleurs. En effet, au-delà de toute contingence politique, idéologique ou partisane, cette connexion avec le TGV basque est essentielle pour la Navarre faute de quoi elle restera enclavée par rapport à l"Aquitaine.
Où devrait se situer la jonction franco-espagnole ?
Obligatoirement dans la zone d"Irun, tout simplement parce qu"il n"y a pas d"autre endroit possible. A l"heure qu"il est le gouvernement basque travaille à l"élaboration du schéma de réseau intermodal et logistique d"Euskadi où figurera le positionnement précis des futures plates-formes logistiques, choisi en fonction du tracé du TGV basque. Ceci aura une importance capitale dans la zone frontière.
Il va de soi que nos partenaires aquitains sont tenus informés de nos avancées. Des réunions se tiennent d"ailleurs à Poitiers, Bordeaux et Saint-Sébastien entre techniciens et politiques des deux côtés de la frontière. La dernière en date a eu lieu à Saint-Sébastien le 19 décembre 2005, en présence notamment de la SNCF et de RFF (Réseau ferré de France). Les échanges ne peuvent être que mutuels. Nous savons d"ores et déjà que le gouvernement d"Euskadi sera consulté dans le cadre du débat public qui s"ouvrira sur Bordeaux-Irun.
La plate-forme logistique est présidée par la ministre basque des Transports, Nuria Lopez de Guereñu. Jean-Louis Carrère, vice-président du Conseil régional d"Aquitaine en assure la vice-présidence.