Entrevistas
09Febrero
2006
09 |
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Joseba Egibar (Lema)

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Febrero 09 | 2006 |
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Le Gipuzkoa, aujourd’hui et demain
Après avoir dressé une radiographie synthétique du Gipuzkoa lors du Lema de novembre, Joseba Egibar, président du Gipuzko Buru Batzar (GBB) répond à nos questions :
 
1)     EAJ-PNB est puissant en Gipuzkoa. Quelles sont les mesures que vous souhaitez prendre pour conforter cette situation ?
 
Dans une rétrospective de 20 ans, à l’issue de la scission de 1986, l’Alderdi était affaibli en Gipuzkoa, en devenant la 4ème force politique. Malgré tout, nous savions que nous avions des atouts pour surmonter cette scission. C’est pourquoi, année après année, élections après élections, le plan que nous avions conçu était affiné et amélioré. Cette stratégie a été consolidée au fil du temps.
 
Une des priorités pour EAJ-PNB, comme pour tout parti politique est de gouverner les institutions. Mais, pour un parti abertzale comme le nôtre, il ne peut se réduire à la gestion des institutions. Nous réussissons grâce aux hommes et aux femmes qui s’impliquent à nos côtés, pour réaliser nos projets et pour entre autres, améliorer la vie de nos concitoyens. Notre principal objectif est de définir nos orientations politiques, de les défendre et de les adapter. Cela est clair dans nos esprits. Cela est aujourd’hui, la principale raison de notre leadership. Les mesures à prendre ont pour objectif de renforcer notre position de leader du mouvement abertzale.
 
2)     Quelles sont vos attentes pour les prochaines élections ?
 
Les prochaines échéances électorales sont prévues pour 2007. Il s’agit des élections municipales et forales. Jusqu’à maintenant, nous avions composé une coalition avec Eusko Alkartasuna. Mais, pour les prochaines élections, nous ignorons si cet accord sera possible puisqu’EA a décidé de se présenter seul. Nous pensons qu’EA commet une erreur s’ils maintiennent cette position. De toute façon, l’ambition de l’Alderdi est claire : être la première force politique du Gipuzkoa. Nous espérons donc être la première force politique dans la plupart des communes et des vallées. Cela est en tout cas notre objectif.
 
3)     Quels sont les points forts sur lesquels s’appuyer ? Quels sont les risques ?
 
Notre atout majeur est de défendre l’orientation prise par l’Alderdi, ces dernières années. Notre gestion donnera les résultats escomptés, de villages en villages, de villes en villes, la plupart du temps, en gardant les mairies et dans d’autres cas, en travaillant dans l’opposition. De toute façon, je pense que la direction prise au niveau d’Euskadi est devenue une référence. Les gens apprécient la direction prise. Cela donne une valeur ajoutée à notre option politique. Finalement, au-delà de la gestion municipale, l’idée que le Pays basque, Euskal Herria, est un pays qui a le droit de décider de son avenir est une notion qui en elle-même a une valeur. Cela est le point que nous devons le plus mettre en exergue pour obtenir les résultats prévus.
 
Au contraire, s’éloigner de cette optique serait le danger le plus grave. Cela signifierait que nous laisserions à d’autres le laedership abertzale.
 
4)     Est-ce que Donosti sera à nouveau dirigé par EAJ-PNB ?
 
Cela est notre ambition. Dans le temps, nous avions eu des maires abertzale. Mais, les socialistes dirigent la ville, depuis plusieurs mandats. Il est clair pour moi que si le prochain maire de Donosti est abertzale, il sera d’EAJ-PNB. Cela est notre objectif pour 2007.
 
5)     Au regard de la situation actuelle, quelles sont les initiatives que vous menez en Gipuzkoa, pour favoriser la paix et la normalisation politique ?
 
Tous les responsables d’EAJ-PNB, au sein de l’Alderdi ou dans les institutions ont clairement à l’esprit qu’il est du devoir prioritaire de chacun de défendre et de travailler en faveur de la paix et de la normalisation politique, en défendant et en garantissant les valeurs des Droits de l’Homme. Pour cela, nous maintenons fermement nos objectifs, de communes en communes et en tant que province. Pour parvenir à la normalisation politique, il faut tenir compte du fait que le conflit politique concerne la nation basque dans son ensemble. Chaque territoire devra apporter sa contribution et non uniquement le Gipuzkoa. Nous allons en tant que Gipuzkoans apporter notre pierre à l’édifice, mais, les citoyens des autres provinces le feront aussi. Nous n’avons aucun doute sur le fait, qu’à l’avenir aussi, nous poursuivrons notre effort de proposition.
 
6)     Quelles sont l’opinion et la position des jeunes sur l’Alderdi ?
 
Tout d’abord, il faudrait demander cela aux jeunes. Même si le nombre de jeunes Gipuzkoans qui s’engagent en politique n’est pas très élevé, comme ailleurs, des valeurs liées aux revendications du domaine public et de la politique sont communes aux jeunes, à quelques nuances près. Il s’agit entre autres de l’euskara, de la culture basque et d’engagements sectoriels très forts, comme l’environnement ou la construction de ce pays. Cela est aussi de la politique. A l’avenir, en tenant compte de ses engagements et de ses comportements, je pense qu’en Gipuzkoa, l’abertzalisme peut non seulement maintenir les positions actuelles, mais, il peut même progresser. Comme les engagements de toute autre personne, ceux des jeunes ne peuvent se réduire à leur choix à l’heure des élections. Les jeunes aussi ont leur logique de comportement. Je n’ai aucun doute qu’elle va dans un sens positif pour l’abertzalisme
 
7) Le Gipuzkoa vit aujourd’hui une situation saine, sur le plan économique. Mais, la menace de la délocalisation est bien réelle. Quelle est votre prévision ? Quelles sont les mesures à prendre pour réduire ces risques ?
 
le Gipuzkoa a connu l’avancée la plus importante, en matière économique, ces 10 dernières années. Nous sommes 8 points au-dessus de la moyenne européenne. Il y a 10 ans, le Gipuzkoa disposait de 235 000 employés. Aujourd’hui, il y en a 305 000. Par conséquent, 70 000 emplois ont été crées : 50 000 emplois féminins et 20 000 emplois masculins.le taux de chômage était de 23,8%. Il est descendu à 7,9%. Les données sont positives. Mais, il est évident que nous sommes à la croisée des chemins. L’évolution de l’économie internationale influe de plus en plus sur notre économie. Quel sera le futur de la conjoncture internationale ? Nous devons être très compétitifs pour aller de l’avant. Pou cela, deux conditions sont nécessaires : la formation et l’investissement dans les nouvelles technologies.
 
8) Quels sont les secteurs économiques en voie de croissance ?
 
Fort heureusement, le Gipuzkoa est industriel. 100 000 personnes sont employées dans l’industrie gipuzkoar. Toutes les pièces automobiles se font sur place, même si localement, on ne fabrique pas de voitures. Ce secteur a connu une forte croissance ces dernières années. Le secteur de la machine-outil a connu des années difficiles, mais il est en net redressement actuellement. Le secteur du matériel de transport se porte bien, ainsi que celui de la machinerie électrique. Les exportations ont crû de 14% durant les 9 premiers mois. Il s’agit du meilleur thermomètre de compétitivité. Il ne faut pas oublier les risques qui nous attendent, comme celui des délocalisations. Mais, nous sommes sur de bonnes bases. Si nous restons vigilants et réactifs, nous trouverons des solutions.
Il faut tenir compte du fait que le secteur de la construction a connu une reprise très forte, en Gipuzkoa et dans tout le Pays basque, du moins, en Pays basque sud. Ce secteur a dépassé toutes les prévisions depuis 5 à 6 ans.
 
9) Dans le domaine linguistique, quelles sont les mesures prises pour faire progresser l’utilisation de l’euskara ? Y a t-il une planification de prévu ?
 
Le Gouvernement basque et les deputacion ont planifié la normalisation de l’euskara. Néanmoins, il faut réclamer l’utilisation de l’euskara, dans tous les domaines. Aujourd’hui, l’euskara est connu, mais le prochain défi est celui de l’utilisation. Les planifications mettent l’accent là-dessus. Ces dernières 25 années, de nombreux efforts ont été accomplis pour l’apprentissage et l’utilisation de l’euskara. Les défis majeurs des 25 prochaines années sont l’utilisation et la qualité de l’euskara.
 
10) Quelles sont vos principales craintes concernant la protection de l’environnement ?
 
Le Gipuzkoa a une orographie très difficile. Il y a de nombreuses montagnes, vallées et fleuves. La croissance et le développement économique doivent protéger l’environnement. C’est pour cela que tous les projets doivent respecter l’environnement, même si cela n’est pas toujours aisé, dans des projets d’infrastructures comme l’”Y” basque, en Gipuzkoa, le réseau routier ou le port de Pasaia.
 
Par ailleurs, le Gipuzkoa a pratiquement 2000 km2. Il y a 88 mairies et 673 500 habitants. Par conséquent, en tenant compte de la densité, il est clair que les projets à mettre en oeuvre doivent avoir un fort souci écologique. II est impossible de négliger le fait que le réseau routier du continent européen, vers le sud de l’Europe traverse le Pays basque nord et le Gipuzkoa. C’est un élément majeur à prendre en considération. Le Gipuzkoa n’est en aucune façon resté en marge du développement et des avancées positives. Les futures générations ne nous pardonneraient pas le fait de laisser notre pays dans un état de délabrement. Les infrastructures adaptées et modernes sont nécessaires, afin de se positionner dans les axes européens, pour soutenir le développement économique, dans le respect de l’environnement. Le développement durable est incontournable dans une recherche d’équilibre entre croissance et environnement.
 
11) Sur le plan social, y a t-il une fracture importante entre les plus riches et les plus pauvres ? Cette cassure est-elle en diminution ou en croissance ?
 
Comme les autres territoires, le Gipuzkoa est la société la plus équilibrée. Certes, il y a des différences sociales, mais, elles ont tendance à se réduire. C’est le modèle de société que tout parti doit rechercher et réaliser.Les 675 000 habitants du Gipuzkoa doivent bénéficier d’une égalité de droit et de chance. Il est indispensable que la richesse que nous produisons soit répartie au mieux, selon les besoins des plus nécessiteux. Dans une certaine mesure, nous devons apprendre à nosu sacrifier. Le concept de solidarité entre les générations doit être étendu. Nous devons mettre en route une structure qui permette aux plus jeunes, d’hériter d’un pays qui soit plus équilibrée et plus juste.
 
12) Quels sont les clichés habituels sur le Pays basque nord ? ces derniers temps, y a t-il un mouvement de rapprochement ?
 
Le Gipuzkoa a toujours été très proche du Pays basque nord. Historiquement, nous avons pris la mer comme sentinelle, à partir du Pays basque nord. Mais, jusqu’en 1986, la frontière nous a séparé. Une fois, cette barrière physique dépassée, les barrières mentales sont maintenant à faire disparaître. Nous Gipuzkoar, devons connaître le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, comme nous devons connaître la Navarre, la Biscaye ou l’Araba. Le même phénomène concerne les habitants des autres provinces. Dans le futur, le travail de proximité doit passer par un processus de connaissance mutuelle. Avant d’aimer un pays, il faut d’abord le connaître, mis à part le fait de le connaître, le respecter. L’aimer viendra éventuellement ensuite comme dans des relations humaines.

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